Page:Dumas - Le Meneur de loups (1868).djvu/262

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poussé M. Raoul, qui se défendait, dans le cabinet de toilette ; Lisette lui a fait franchir le corridor, deux ou trois chambres, descendre un escalier tournant qui dessert l’aile du château opposée à celle par laquelle il était entré. Au bas de l’escalier, les fugitifs ont trouvé la porte fermée ; alors ils se sont réfugiés dans une espèce d’office ; Lisette a ouvert la fenêtre, qui n’était qu’à sept ou huit pieds de terre : M. Raoul a sauté par cette fenêtre, a couru à l’écurie, y a retrouvé son cheval, mais avec le jarret coupé ; alors, il a fait le serment, s’il rencontrait le comte, de lui couper le jarret comme le comte l’avait coupé au cheval, tenant pour lâche de mutiler sans nécessité un noble animal ; puis il a repris à pied le chemin de la brèche ; à la brèche, et en dehors de la muraille, il a trouvé le comte, qui l’attendait l’épée à la main. Le baron avait son couteau de chasse ; il l’a tiré du fourreau, et le combat a commencé.

— Le comte était seul ?

— Attendez… Le comte paraissait seul ; à la quatrième ou cinquième passe, le comte a reçu un coup de couteau de chasse dans l’épaule ; il est tombé sur un genou en criant : « À moi, Lestocq ! » Alors le baron s’est rappelé son serment et lui a coupé le jarret, comme le comte avait coupé le jarret à son cheval ; mais, au moment où il se relevait, Lestocq l’a frappé par-derrière ; le fer est entré sous l’omoplate et est sorti par la poitrine… je n’ai pas besoin de vous dire à quel endroit : vous avez baisé la plaie.

— Après ?

— Le comte et son piqueur sont revenus au château, laissant le baron sans secours ; il est revenu à lui, a appelé des paysans qui l’ont mis sur un brancard et emporté ; leur intention était de le conduire à Villers-Cotterêts ; mais à Puiseux il souffrait tant, qu’il n’a pu