Page:Dumas - Le Meneur de loups (1868).djvu/268

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Il commença de regarder autour de lui avec un effroi dont il ne pouvait se rendre compte.

Ses yeux s’arrêtèrent sur le lit.

La comtesse était couchée.

Elle avait à la tête les mêmes épingles de diamant, au cou le même fil de perles, au corps la même robe de chambre de taffetas rose, aux pieds les mêmes mules de drap d’argent qu’elle avait pour recevoir le baron Raoul.

Thibault s’approcha.

La comtesse ne fit pas un mouvement à son approche.

– Vous dormez, belle comtesse ? dit-il en se penchant vers elle pour la regarder.

Mais tout à coup il se redressa, l’œil fixe, les cheveux hérissés, la sueur au front.

Il commençait de soupçonner la vérité terrible.

La comtesse dormait-elle du sommeil de ce monde ou du sommeil éternel ?

Thibault alla prendre un candélabre sur la cheminée, et, d’une main tremblante, l’approcha du visage de l’étrange dormeuse.

Le visage était pâle comme de l’ivoire et marbré aux tempes.

Les lèvres étaient violettes.

Une goutte de cire rose tomba toute brûlante sur ce masque de sommeil.

La comtesse ne se réveilla point.

– Oh ! oh ! qu’est-ce que cela ? dit Thibault.

Et il posa sur la table de nuit le candélabre, que ne pouvait plus soutenir sa main tremblante. Les deux bras de la comtesse étaient allongés contre son corps ; dans chacune de ses mains elle semblait enfermer quelque chose.

Thibault, avec effort, ouvrit la main gauche.