Mocquet avait rejeté la couverture sur le pied de mon lit et se tenait debout auprès, les deux mains appuyées sur son fusil et le brûle-gueule à la bouche.
Sa figure rayonnait à la lueur de sa pipe qui, à chaque aspiration de son souffle, éclairait son visage.
– Eh bien, Mocquet ? lui dis-je.
– Eh bien, il est détourné.
– Le loup ? Et qui est-ce qui l’a détourné ?
– Ce pauvre Mocquet.
– Ah ! bravo !
– Seulement, devinez où il est allé se loger ? En voilà un loup qui est bon enfant !
– Où il est allé se loger, Mocquet ?
– Oh ! je vous le donne en cent ! Dans la remise des Trois-Chênes.
– Eh bien, mais il est pincé, alors ?
– Pardieu !
La remise des Trois-Chênes est un bouquet d’arbres et de fourrés d’environ deux arpents situé au milieu de la plaine de Largny, à cinq cents pas à peu près de la forêt.
– Et les gardes ? continuai-je.
– Prévenus, répondit Mocquet ; ils sont à la lisière de la forêt, les fins tireurs : Moynat, Mildet, Vatrin, Lafeuille, ce qu’il y a de mieux enfin. De notre côté, nous cernons la remise avec M. Charpentier, de Vallue, M. Hochedez, de Largny, M. Destournelles, des Fossés, vous et moi ; on lâchera les chiens, le garde champêtre les appuiera, et enlevez, c’est pesé !
– Mocquet, tu me mettras au bon endroit.
– Puisque je vous dis que vous serez près de moi ; seulement, il faudrait vous lever.
– Tu as raison, Mocquet. Brrou !
– Allons, on va avoir pitié de votre jeunesse et vous mettre un fagot dans la cheminée.