– Mocquet, je n’osais pas te le demander ; mais, si tu faisais cela, parole d’honneur, tu serais bien gentil.
Mocquet alla prendre dans le chantier une brassée de bois qu’il jeta dans la cheminée, en la tassant du pied ; puis il introduisit au milieu des sarments une allumette enflammée.
À l’instant même, le feu pétilla et monta joyeux et clair dans la cheminée.
J’allai m’asseoir sur l’escabeau du foyer et je m’habillai.
Ce fut une toilette vivement faite, je vous en réponds.
Mocquet lui-même en fut tout ébahi.
– Allons, dit-il, une goutte de parfait-amour, et en route !
Et Mocquet remplit deux petits verres d’une liqueur jaunâtre que je n’eus pas même besoin de goûter pour la reconnaître.
– Tu sais que je ne bois jamais d’eau-de-vie, Mocquet.
– Ah ! vous êtes bien le fils de votre père, vous ! Eh bien, mais qu’allez-vous donc prendre, alors ?
– Rien, Mocquet, rien.
– Vous connaissez le proverbe : « Maison vide, le diable y entre. » Mettez-vous quelque chose sur l’estomac, croyez-moi, tandis que, je vais charger votre fusil ; car il faut bien lui tenir parole, à cette pauvre mère.
– Eh bien, Mocquet, une croûte de pain et un verre de pignolet.
Le pignolet est un petit vin qui se récolte dans les pays non vignobles.
On dit proverbialement qu’il faut être trois hommes pour le boire, l’homme qui le boit et les deux hommes qui le tiennent.