Page:Dumas - Le Meneur de loups (1868).djvu/39

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

– Un petit trou.

– Eh bien, vous ne comprenez pas ?

Les gardes se regardèrent avec étonnement.

– Comprenez-vous à cette heure ? reprit Mocquet.

– Impossible ! dirent les gardes.

– C’est pourtant comme cela, et la preuve, je vais vous la donner.

Mocquet plongea sa main dans la neige, chercha un instant, et avec un cri de triomphe tira de la neige une balle aplatie.

– Tiens ! dis-je… c’est ma balle.

– Vous la reconnaissez donc ?

– Je crois bien, tu l’avais marquée.

– Et quel signe lui avais-je fait ?

– Une croix.

– Vous voyez, messieurs, dit Mocquet.

– Alors, explique-nous cela.

– Eh bien, il a écarté les balles ordinaires ; mais il n’a pas eu de puissance sur la balle de l’enfant, qui avait une croix. Il l’a reçue à l’épaule, je l’ai vu faire le mouvement de se mordre.

– Mais, s’il a reçu la balle à l’épaule, demandai-je, étonné du silence et de l’ébahissement des gardes, comment ne l’a-t-elle pas tué ?

– Parce qu’elle n’était ni d’or ni d’argent, mon mignon, et qu’il n’y a que les balles d’or ou d’argent qui puissent entamer la peau du diable et tuer ceux qui ont fait un pacte avec lui.

– Mais enfin, Mocquet, dirent les gardes en frissonnant, tu crois… ?

– Oui, pardié ! je jurerais que nous venons d’avoir affaire au loup de Thibault le sabotier.

Les gardes et les chasseurs se regardèrent.

Deux ou trois firent le signe de la croix.

Tous paraissaient partager l’opinion de Mocquet et