depuis Nemrod –, je me sens cependant malade aujourd’hui, et j’ai besoin d’un hallali, quel qu’il soit, pour rafraîchir mes humeurs noires. Voyons, Marcotte, que chasserons-nous à la place de ce damné loup noir ?
– Dame ! tout occupé de lui, répondit Marcotte, je n’ai point détourné d’autre bête. Monseigneur veut-il découpler à la billebaude et chasser le premier animal venu ?
Le baron Jean allait répondre à Marcotte de faire comme il l’entendrait, lorsqu’il vit le petit Engoulevent qui s’approchait le chapeau à la main.
– Attends, dit-il, voici maître Engoulevent qui a, ce me semble, un conseil à nous donner.
– Je n’ai aucun conseil à donner à un noble seigneur comme vous, répondit Engoulevent en abritant sous une humble contenance sa physionomie narquoise et rusée ; mais mon devoir est de dire que j’ai connaissance d’un beau daim dans les environs.
– Voyons ton daim, Engoulevent, répondit le grand louvetier, et, si tu ne t’es pas trompé, il y aura un écu neuf pour toi.
– Où est ton daim ? demanda Marcotte. Mais prends garde à ta peau si tu nous fais découpler inutilement !
– Donnez-moi Matador et Jupiter, et puis nous verrons.
Matador et Jupiter étaient les deux meilleurs chiens d’attaque du seigneur de Vez. Aussi Engoulevent n’avait-il pas fait cent pas avec eux dans le fourré, qu’au frétillement de leurs queues, à leurs abois répétés, il jugea qu’ils empaumaient la voie. Et, en effet, presque immédiatement le daim, qui était un magnifique dix-cors, se donna aux chiens. Toute la meute découplée rallia les deux vétérans. Marcotte cria gare, sonna le lancer, et la chasse com-