Page:Dumas - Le Vicomte de Bragelonne, 1876.djvu/274

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


— C'est beaucoup d'un jour quand on a votre regard, monsieur.

Il monta donc à cheval dans la cour même et prit la route de Blois, tandis que s’accomplissaient, avec une grande allégresse des courtisans et une grande désolation de Guiche et de Buckingham, les noces de Monsieur et de la princesse d’Angleterre.

Raoul fit diligence ; en dix-huit heures il arriva à Blois.

Il avait préparé en route ses meilleurs arguments.

La fièvre aussi est un argument sans réplique, et Raoul avait la fièvre.

Athos était dans son cabinet, ajoutant quelques pages à ses mémoires, lorsque Raoul entra conduit par Grimaud.

Le clairvoyant gentilhomme n’eut besoin que d’un coup d’œil pour reconnaître quelque chose d’extraordinaire dans l’attitude de son fils.

— Vous me paraissez venir pour affaire de conséquence, dit-il en montrant un siège à Raoul après l’avoir embrassé.

— Oui, Monsieur, répondit le jeune homme, et je vous supplie de me prêter cette bienveillante attention qui ne m’a jamais fait défaut.

— Parlez, Raoul.

— Monsieur, voici le fait dénué de tout préambule indigne d’un homme comme vous : mademoiselle de La Vallière est à Paris en qualité de fille d’honneur de Madame ; je me suis bien consulté, j’aime mademoiselle de La Vallière par-dessus tout, et il ne me convient pas de la laisser dans un poste où sa réputation, sa vertu peuvent