Page:Dumas - Le Vicomte de Bragelonne, 1876.djvu/322

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pointe des lames, c’est curieux ; mais cela me donne le mal de mer. Voudriez-vous me permettre de leur tourner le dos ?


— J'ai dit vos terres, répéta-t-il en laissant tomber ces paroles une à une.

— Vous remarquerez qu’en leur tournant le dos vous aurez le soleil en face, milord.

— Oh ! il est bien faible à cette heure et aura bien vite disparu ; ne vous inquiétez donc point de cela.

— Comme vous voudrez, milord ; ce que j’en disais, c’était par délicatesse.

— Je le sais, monsieur de Wardes, et j’apprécie votre observation. Voulez-vous ôter nos pourpoints ?

— Décidez, milord.

— C’est plus commode.

— Alors je suis tout prêt.

— Dites-moi, là, sans façon, monsieur de Wardes, si vous vous sentez mal sur le sable mouillé, ou si vous vous croyez encore un peu trop sur le territoire français ? Nous nous battrons en Angleterre ou sur mon yacht.

— Nous sommes fort bien ici, milord ; seulement j’aurai l’honneur de vous faire observer que, comme la mer monte, nous aurons à peine le temps…

Buckingham fit un signe d’assentiment, ôta son pourpoint et le jeta sur le sable.

De Wardes en fit autant.

Les deux corps, blancs comme deux fantômes pour ceux qui les regardaient du rivage, se dessinaient sur l’ombre d’un rouge violet qui descendait du ciel.