Page:Dumas - Le Vicomte de Bragelonne, 1876.djvu/610

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France a des serviteurs capables de tout pour son service et pour ses plaisirs.


— Vous battre ! s'écria le roi. Un moment, s'il vous plaît, monsieur le comte. — Page 603.

Colbert essaya de regarder le surintendant pour voir si ce mot était un retour à des sentiments moins hostiles ; Fouquet n’avait pas même regardé son ennemi. Colbert n’existait pas pour lui.

— Eh bien, à huit jours, voulez-vous ? dit le roi.

— À huit jours, sire.

— Nous sommes à mardi ; voulez-vous jusqu’au dimanche suivant ?

— Le délai que daigne accorder Sa Majesté secondera puissamment les travaux que mes architectes vont entreprendre pour concourir au divertissement du roi et de ses amis.

— Et, en parlant de mes amis, repartit le roi, comment les traitez-vous ?

— Le roi est maître partout, sire ; le roi fait sa liste et donne ses ordres. Tous ceux qu’il daigne inviter sont des hôtes très-respectés par moi.

— Merci ! reprit le roi, touché de la noble pensée exprimée avec un noble accent.

Fouquet prit alors congé de Louis XIV, après quelques mots donnés aux détails de certaines affaires.

Il sentit que Colbert demeurait avec le roi, qu’on allait s’entretenir de lui, que ni l’un ni l’autre ne l’épargnerait. La satisfaction de donner un dernier coup, un terrible coup à son ennemi, lui apparut comme une compensation à tout ce qu’on allait lui faire souffrir.

Il revint donc promptement, lorsque déjà il avait touché la porte, et, s’adressant au roi :

— Pardon ! sire, dit-il pardon !