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Aramis prit la lettre et s’apprêta à sortir.

— Attendez, dit Fouquet.

Il ouvrit son tiroir et lui remit dix billets de caisse qui s’y trouvaient. Chaque billet était de mille livres.

— Tenez, dit-il, faites sortir le fils, et remettez ceci à la mère ; mais surtout ne lui dites pas…

— Quoi, monseigneur ?

— Qu’elle est de dix mille livres plus riche que moi : elle dirait que je suis un triste surintendant. Allez, et j’espère que Dieu bénira ceux qui pensent à ses pauvres.

— C’est ce que j’espère aussi, répliqua Aramis en baisant la main de Fouquet.

Et il sortit rapidement, emportant la lettre pour Lyonne, les bons de caisse pour la mère de Seldon et emmenant Molière, qui commençait à s’impatienter.


— Allons, dit-il, allons où l'on trouve la couronne de France. — Page 668.



CCXIII

ENCORE UN SOUPER À LA BASTILLE


Sept heures du soir sonnaient au grand cadran de la Bastille, à ce fameux cadran qui, pareil à tous les accessoires de la prison d’État, dont l’usage est une torture, rappelait aux prisonniers la destination de chacune des heures de leur supplice. Le cadran de la Bastille, orné de figures comme la plupart des horloges de ce temps, représentait saint Pierre aux Liens.

C’était l’heure du souper des pauvres captifs. Les portes, grondant sur leurs énormes gonds,