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LES FRÈRES CORSES

— Peut-être ne devrais-je pas y aller, reprit Louis en souriant avec tristesse ; mais vous savez ce que je vous disais avant-hier : on ne va pas où l’on devrait aller, on va où le destin nous pousse ; et la preuve, c’est que j’aurais mieux fait de ne pas venir ce soir ici.

En ce moment, nous croisâmes de nouveau D…

— Mon cher ami, lui dis-je, j’ai changé d’avis.

— Et vous êtes des nôtres ?

— Oui.

— Ah ! bravo ! Cependant, je dois vous prévenir d’une chose.

— De laquelle ?

— C’est que quiconque soupe avec nous ce soir doit y souper encore après-demain.

— Et en vertu de quelle loi ?

— En vertu d’un pari fait avec Château-Renaud.

Je sentis tressaillir vivement Louis, dont le bras était passé sous le mien.

Je me retournai ; mais, quoiqu’il fût plus pâle qu’un instant auparavant, son visage était resté impassible.

— Et quel est ce pari ? demandai-je à D…

— Oh ! ce serait trop longtemps à vous dire ici. Puis il y a une personne intéressée dans ce pari qui pourrait le lui faire perdre si elle en entendait parler.

— À merveille ! À trois heures.

— À trois heures.

Nous nous séparâmes de nouveau : en passant devant