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LES FRÈRES CORSES

— Comment donc ! comme très-sérieuse ! D’ailleurs, vous avez dû l’entendre, je me suis mis à la disposition de M. de Château-Renaud, et c’est lui qui m’envoie ses témoins. Je n’ai donc qu’à me laisser faire.

— Oui, certainement… mais enfin…

— Achevez donc, reprit Louis en souriant.

— Mais enfin… faudrait-il savoir pourquoi vous vous battez. On ne peut pas voir deux hommes se couper la gorge sans savoir au moins le motif du combat. Vous le savez bien, la position du témoin est plus grave que celle du combattant.

— Aussi je vous dirai en deux mots la cause de cette querelle. La voici :

« À mon arrivée à Paris, un de mes amis, capitaine de frégate, me présenta à sa femme. Elle était belle, elle était jeune ; sa vue me fit une impression si profonde, que, craignant d’en devenir amoureux, je profitai le plus rarement que je pus de la permission qui m’était accordée de venir à toute heure dans la maison.

« Mon ami se plaignait de mon indifférence, et alors je lui dis franchement la vérité ; c’est-à-dire que sa femme était trop charmante en tout pour que je m’exposasse à la voir souvent. Il sourit, me tendit la main, et exigea que je vinsse dîner avec lui le jour même.

« — Mon cher Louis, me dit-il au dessert, je pars dans trois semaines pour le Mexique ; peut-être resterai-je absent trois mois, peut-être six mois, peut-être