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OTHON L’ARCHER

vieux soldat ; comment les troupes anglaises, brabançonnes et impériales, conduites par Édouard III lui-même, étaient venues mettre le siège devant Cambrai, brûlant et ravageant tout ; comment les deux armées s’étaient rencontrées à Buironfosse sans combattre, parce qu’un message du roi de Sicile, qui était très-savant en astrologie, était venu annoncer, au moment d’en venir aux mains, à Philippe de Valois, que toute bataille qu’il livrerait aux Anglais et dans laquelle commanderait Édouard en personne lui serait fatale (prédiction qui se réalisa plus tard à Crécy), et comment enfin des trêves d’un an avaient été conclues entre les deux rois rivaux en la plaine d’Esplechin, et cela, comme nous l’avons dit, à la requête et prière de madame Jeanne de Valois, sœur du roi de France.

Le landgrave avait écouté ce récit avec un silence qui pouvait jusqu’à un certain point passer pour de l’attention, quoique de temps en temps il se fût levé avec une inquiétude visible pour aller jeter un coup d’œil dans la salle de bal ; mais, comme, à chaque fois, il était revenu prendre sa place, le narrateur, momentanément interrompu, n’en avait pas moins continué son récit, comprenant cette nécessité dans laquelle se trouve un maître de maison de suivre des yeux l’ordonnance de la fête qu’il donne, afin que rien ne manque de ce qui peut la rendre agréable aux convives invités.