seul, il se contenta de s’asseoir sur ses arçons, de s’assurer que son épée sortait facilement du fourreau, et continua sa route. Arrivé à quelques pas du comte, et voyant que celui-ci ne paraissait pas avoir l’intention de se déranger, il s’arrêta à son tour.
— Messire chevalier, lui dit-il, êtes-vous le seigneur de céans, et votre intention est-elle de fermer le chemin à tout voyageur qui passe ?
— Non pas à tous, messire, répondit Karl, mais à un seul, et celui-là est un lâche et un traître, à qui j’ai à demander raison de sa trahison et de sa lâcheté.
— La chose alors ne pouvant me regarder, continua Godefroy, je vous prierai de ranger votre cheval à droite ou à gauche, afin qu’il y ait, sur le milieu de la route, place pour deux hommes du même rang.
— Vous vous trompez, messire, répondit le comte Karl avec la même tranquillité, et cela, au contraire, ne regarde que vous ; quant à partager le haut du pavé avec un misérable calomniateur, c’est ce que ne fera jamais un noble et loyal chevalier.
Le prêtre s’élança alors entre les deux hommes.
— Frères, leur dit-il, voudriez-vous vous égorger ?
— Vous vous trompez, messire prêtre, répondit le comte, cet homme n’est pas mon frère, et je ne tiens pas précisément à ce qu’il meure Qu’il avoue avoir calomnié la comtesse Ludwig de Godesberg, et je le laisse libre d’aller faire pénitence où il voudra.