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Page:Dumas - Les Frères Corses, 1881.djvu/212

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OTHON L’ARCHER

fut d’accompagner ses jeunes camarades sous peine de rester seul ; il les suivit.

La nuit était sombre, pas une étoile ne brillait au ciel, des nuages lourds et chargés de pluie glissaient au-dessus de la tête de nos voyageurs, comme les vagues d’une mer aérienne. Un pareil abri, si incomplet qu’il fût, était donc un bienfait du ciel.

Les archers gravissaient la colline en silence, et cependant au bruit de leurs pas ils entendaient tout le long du sentier, couvert de ronces, fuir les animaux sauvages, dont la présence multipliée indiquait que ces ruines solitaires étaient gardées contre la présence des hommes par quelque superstitieuse terreur. Tout à coup ceux qui marchaient en tête virent se dresser devant eux, comme un fantôme, la première tour, sentinelle gigantesque chargée, en d’autres temps, de défendre l’entrée du château.

Le vieil archer proposa de s’arrêter à cette tour et de se contenter de son abri. En conséquence, on fit halte ; un des archers battit le briquet, alluma une branche de sapin et franchit la porte.

Alors on s’aperçut que les toits s’étaient écroulés, que les murailles seules étaient debout, et, comme la nuit menaçait d’être pluvieuse, il n’y eut qu’une voix pour continuer la route jusqu’au corps de logis ; cependant on laissa de nouveau le vieil archer libre de s’arrêter en cet endroit. Mais il refusa une seconde fois,