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OTHON L’ARCHER

Bertha prit de sa main froide la main brûlante d’Hermann, et, ouvrant une porte, elle entra dans un corridor sombre, qui n’était plus éclairé que par la lueur blafarde que la lune, sortie des nuages, projetait à travers les fenêtres étroites placées de distance en distance. Puis, au bout du corridor, ils trouvèrent un escalier qu’ils descendirent dans des ténèbres complètes : alors, Hermann, saisi d’un frisson involontaire, s’arrêta et voulut retourner en arrière ; mais il lui sembla que la main de Bertha serrait la sienne avec une force surnaturelle ; de sorte que, moitié honte, moitié entraînement, il continua de la suivre.

Cependant ils descendaient toujours : au bout d’un instant, il sembla à Hermann, d’après l’impression humide qu’il éprouvait, qu’ils étaient dans une région souterraine ; bientôt il n’en douta plus ; ils avaient cessé de descendre, et ils marchaient sur un terrain uni, et qu’il était facile de reconnaître pour le sol d’un caveau.

Au bout de dix pas, Bertha s’arrêta, et se tournant à droite :

— Venez, mon père, dit-elle.

Et elle se remit en marche.

Au bout de dix autres pas, elle s’arrêta de nouveau, et se tournant à gauche :

— Venez, ma mère, dit-elle.

Et elle continua sa route jusqu’à ce qu’ayant fait dix autres pas encore, elle dit une troisième fois :