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OTHON L’ARCHER

mann tressaillit, car cette main était glacée ; mais aussitôt il se remit.

— Hélas ! lui dit-il, madame, je ne suis qu’un pauvre archer sans naissance et sans fortune ; mais pour aimer j’ai le cœur d’un roi.

— Je ne demande qu’un cœur, répondit Bertha.

— Vous êtes donc libre ? hasarda Hermann.

— Je suis libre, reprit la jeune fille.

— Je vous aime, dit Hermann.

— Je t’aime, répondit Bertha.

— Et vous consentez à m’épouser ? s’écria Hermann.

Bertha se leva sans répondre, alla vers un meuble, et, ouvrant un tiroir, elle y prit deux anneaux qu’elle présenta à Hermann ; puis, revenant au meuble, elle en tira, toujours en silence, une couronne de fleurs d’oranger et un voile de fiancée. Alors elle attacha le voile sur sa tête, l’y fixa avec la couronne, et se retournant :

— Je suis prête, dit-elle.

Hermann frissonna presque malgré lui ; cependant il s’était trop avancé pour ne pas aller jusqu’au bout. D’ailleurs, que risquait-il, lui, pauvre archer, qui ne possédait pas un coin de terre, et pour qui la seule argenterie armoriée dont la table était couverte eût été une fortune ?

Il tendit donc la main à sa fiancée, en lui faisant à son tour signe de la tête qu’il était prêt à la suivre.