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OTHON L’ARCHER

gueillissait d’avance d’approfondir ; d’ailleurs, il aimait Hermann ; les deux jours de marche qu’il avait faits avec lui le lui avaient révélé comme un brave et joyeux compagnon qu’il était fâché de perdre ; puis, enfin, il avait grande confiance en une médaille miraculeuse rapportée de Palestine par un de ses ancêtres, qui lui avait fait toucher le tombeau du Christ, don que sa mère lui avait fait dans son enfance, et qu’il avait toujours religieusement portée sur sa poitrine.

Quelque observation que pût lui faire le vieil archer, Othon n’en persista donc pas moins dans la résolution prise, et, à la lueur de sa torche, il entra dans la chambre voisine dont la porte était restée ouverte. Tout y était dans son état habituel ; seulement, une seconde porte étant ouverte comme la première ; il pensa qu’Hermann, entré par l’une, était sorti par l’autre ; il prit la même route que lui, et, comme lui, traversa cette longue suite d’appartements qu’Hermann avait traversés. Elle se terminait par la salle du festin.

En approchant de cette salle, il lui sembla entendre parler, il s’arrêta aussitôt, tendit l’oreille, et, après un instant d’attention, ne conserva plus aucun doute, seulement ce n’était pas la voix d’Hermann, mais, pensant que ceux qui parlaient pourraient lui en donner des nouvelles, il s’approcha de la porte.

Arrivé sur le seuil, il s’arrêta surpris par l’étrange spectacle qui se présenta à ses yeux. La table était res-