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OTHON L’ARCHER

cimetière de l’abbaye, au-delà duquel il voyait l’église illuminée ; une porte descendant aux souterrains était ouverte et paraissait conduire aussi à l’église ; mais Othon aima mieux passer à travers le cimetière que sous le cimetière.

Il entra donc dans le cloître, et se dirigea vers l’église ; la porte en était fermée, mais il n’eut qu’à la pousser, et la serrure se détacha du chêne, tant la porte tombait elle-même de vétusté.

Alors il se trouva dans l’église, il vit tout, les religieux, les fiancés, les parents, et prêt à passer au doigt d’Hermann, pâle et tremblant, l’anneau nuptial, l’évêque de marbre qui venait de se lever du tombeau. Il n’y avait pas de doute, c’était le mariage dont parlaient le vieux chevalier et sa femme.

Othon étendit la main vers un bénitier ; puis, portant ses doigts humides à son front, il fit le signe de la croix.

Au même instant, tout s’évanouit comme par magie, évêque, fiancés, parents, religieuses ; les flambeaux s’éteignirent, l’église trembla comme si, en rentrant dans leur tombe, les morts en ébranlaient les fondements ; un coup de tonnerre se fit entendre, un éclair traversa le chœur, et, comme s’il était frappé de la foudre, Hermann tomba sans connaissance sur les dalles du sanctuaire.

Othon alla à lui, éclairé encore par sa torche prête à s’éteindre, et, le prenant sur son épaule, il essaya de