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OTHON L’ARCHER

Quoi qu’il en fût, la barque continuait d’avancer au milieu de l’étonnement général. Enfin, elle prit terre à l’endroit même où s’était arrêtée, deux siècles et demi auparavant, celle du comte Rodolphe d’Alost. Le chevalier inconnu sauta sur le rivage, tira son cheval après lui, s’élança en selle, et, tandis que son écuyer restait sur le bateau, il alla saluer le prince Adolphe et la princesse Héléna, et, montant droit à la tente du comte de Ravenstein, il toucha son écu du fer de sa lance ; ce qui était un signe qu’il le défiait à fer émoulu et à outrance. L’écuyer du comte de Ravenstein sortit aussitôt et regarda quelles étaient les armes du chevalier inconnu. Il avait une lance à la main, une épée au côté, et une hache pendue à l’arçon de sa selle ; de plus, il portait au cou le petit poignard que l’on appelait le poignard de merci. Cet examen fini, l’écuyer rentra dans la tente ; quant au chevalier, après avoir salué une seconde fois ceux qu’il venait secourir, il prit du champ ce qu’il lui en fallait, et, s’arrêtant à cent pas de la tente, à peu près, il attendit son adversaire.

L’attente ne fut pas longue : le comte se tenait tout armé, de sorte qu’il n’avait que son casque à placer sur sa tête pour être prêt à entrer en lice. Il sortit donc bientôt de sa tente. On lui amena son cheval, et il s’élança dessus avec une ardeur qui prouvait le désir qu’il avait de ne pas retarder d’un instant le combat que venait lui offrir d’une manière si inattendue le