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OTHON L’ARCHER

lant sur l’armure du comte indiquaient que la pointe de l’épée avait pénétré par chaque ouverture qui lui avait été offerte. En continuant de cette sorte, l’issue du combat devenait une question de temps. L’armure du chevalier au cygne d’argent résisterait-elle jusqu’au moment où le comte de Ravenstein perdrait ses forces par les deux ou trois blessures qu’il paraissait avoir déjà reçues ? Voilà ce que chacun se demandait en voyant la tactique adoptée par chacun des combattants. Enfin un dernier coup d’épée du comte de Ravenstein brisa entièrement le cimier du casque de son adversaire et lui laissa le haut de la tête à peu près désarmé. Dès lors toutes les chances parurent devoir être pour le comte : il y eut un instant d’angoisse terrible pour le prince et pour Héléna.

Mais leur crainte ne fut pas longue : leur jeune champion comprit qu’il était temps de changer de tactique ; il cessa à l’instant même de porter des coups pour ne plus s’occuper que de parer. Alors on vit une joute merveilleuse ; le chevalier au cygne d’argent s’arrêta, immobile comme une statue : son bras et son épée semblaient seuls vivants, et, dès lors, l’épée de son adversaire, rencontrant partout la sienne, ne toucha pas une seule fois son armure. Le comte était habile dans les armes ; mais toutes les ressources des armes paraissaient être connues à son ennemi. Les deux lames se suivaient comme si un aimant les eût attirées l’une vers