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OTHON L’ARCHER

stant digne de son nom et de sa renommée ; mais enfin, étant arrivé trop tard à la parade, un coup de l’arme de son adversaire tomba d’aplomb sur son casque, brisa le cimier et la couronne de comte, et, quoique la hache ne pénétrât point jusqu’à la tête, elle fit l’effet d’une massue. Le comte, étourdi, baissa la tête jusque sur le cou de son cheval, qu’il saisit de ses deux mains, cherchant instinctivement un appui ; puis il laissa tomber sa hache ; et, vacillant un instant lui-même, il tomba à son tour sans que son adversaire eût eu besoin de redoubler.

Ses écuyers accoururent et ouvrirent son casque : le comte rendait le sang par le nez et par la bouche, et était complètement évanoui. Ils le transportèrent dans sa tente et, en le désarmant, lui trouvèrent, outre les blessures de la tête, cinq autres blessures en différents endroits du corps.

Quant au chevalier au cygne d’argent, il rattacha sa hache à l’arçon de sa selle, remit son épée au fourreau, reprit sa lance, et, s’avançant de nouveau vers le balcon de la comtesse Béatrix, il salua le prince Adolphe et sa fille ; puis, au moment où ils croyaient que leur libérateur allait entrer au château, il se dirigea vers le rivage, descendit de cheval et rentra dans sa barque, qui remonta aussitôt le fleuve, emportant le vainqueur mystérieux.

Deux heures après, le comte, revenu à lui, ordonna