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OTHON L’ARCHER

fût pas douté de la cause pour laquelle il était monté. Le prince le regarda sévèrement ; mais le motif qui fit baisser les yeux à Othon devant ce regard terrible fut visiblement un sentiment de respect et non de honte. Le prince ne comprenait rien à une pareille assurance.

Alors il interrogea Othon, et le jeune homme répondit à toutes les questions du prince avec respect, mais avec fermeté ; il avait été occupé pendant toute cette journée d’une affaire importante dans laquelle Hermann l’avait secondé : voilà tout ce qu’il pouvait dire. Quant à la faute d’Hermann, il la prenait sur son compte, attendu que c’était lui, Othon, qui avait usé de son influence sur ce jeune homme, qui lui devait la vie, pour le faire manquer à ses devoirs.

Le prince ne comprenait rien à cette obstination ; mais, comme à une faute contre les règles de la discipline militaire elle ajoutait une désobéissance au pouvoir seigneurial, il dit à Othon qu’il regrettait de se séparer d’un aussi adroit archer, mais qu’il était hors des règles établies au château qu’un serviteur s’éloignât ainsi, sans demander la permission de le faire, et rentrât sans vouloir dire d’où il venait ; en conséquence, le jeune archer pouvait se regarder comme libre et prendre du service chez tel seigneur qui lui conviendrait. Deux larmes parurent au bord des paupières d’Othon, mais furent aussitôt séchées par la flamme qui lui