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OTHON L’ARCHER

Othon, en partant, en avait enlevé la vie. Héléna priait sans cesse dans la chapelle de la princesse Béatrix, et le prince Adolphe de Clèves ne cessait de regarder au balcon s’il ne voyait pas revenir le chevalier au cygne d’argent : le père et la fille ne se rassemblaient plus qu’aux heures de repas. Chacun d’eux s’inquiétait de la tristesse de l’autre ; enfin le prince Adolphe résolut de mettre à exécution le conseil que lui avait donné le comte de Hombourg. Et, un soir que Héléna avait prié toute la journée et qu’elle se retirait pour prier encore, son père l’arrêta au moment où elle allait franchir le seuil de la porte.

— Héléna, lui dit-il, n’as-tu pas plus d’une fois, depuis le jour du combat qui t’a si heureusement délivrée du comte de Ravenstein, pensé au chevalier inconnu ?

— Si fait, monseigneur, répondit la jeune fille ; car je crois n’avoir pas adressé une prière à Dieu, depuis ce jour, sans lui avoir demandé de le récompenser, puisque vous ne pouvez le faire, vous.

— La seule récompense qui conviendrait à un aussi noble jeune homme que celui-là paraissait être, c’est la main de celle qu’il a sauvée, répondit le prince.

— Que dites-vous, mon père ! s’écria Héléna en rougissant.

— Je dis, répondit le prince reconnaissant dans l’expression du visage de sa fille plus de surprise que d’inquiétude, que je regrette de n’avoir pas mis plus