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OTHON L’ARCHER

tôt à exécution le conseil que m’a donné Hombourg.

— Et quel est ce conseil ? demanda Héléna.

— Tu le sauras demain, répondit le comte.

Le lendemain, des hérauts partirent pour Dordrecht et pour Cologne, proclamant partout que le prince Adolphe, n’ayant pas trouvé de plus noble récompense à offrir à celui qui avait combattu pour sa fille que la main même de sa fille, faisait prévenir le chevalier au cygne d’argent que cette récompense l’attendait au château de Clèves.

Vers la fin du septième jour, comme le prince et sa fille étaient assis sur le balcon de la princesse Béatrix, Héléna posa vivement une de ses mains sur le bras de son père, tandis qu’elle lui montrait, de l’autre, un point noir qui apparaissait sur le fleuve, à la pointe de Dornick, c’est-à-dire à l’endroit même où avait disparu Rodolphe d’Alost.

Bientôt ce point devint visible. Héléna reconnut la première que c’était une barque montée par trois maîtres et six rameurs. Bientôt elle put distinguer que ces hommes étaient revêtus d’armures, avaient la visière baissée, et que celui qui se tenait au milieu des deux autres, portait au bras gauche un écu armorié. Dès lors ses yeux ne quittèrent plus le bouclier ; au bout d’un instant, il n’y eut plus de doute : ce bouclier portait pour armes un champ d’azur avec un cygne d’argent le prince lui-même, malgré sa vue affaiblie, commen-