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OTHON L’ARCHER

çait à le distinguer. Le prince ne pouvait contenir sa joie ; Héléna tremblait de tous ses membres.

La barque prit terre : les trois chevaliers descendirent sur le rivage et s’acheminèrent vers le château. Le prince saisit Héléna par la main, et, la forçant de descendre, il la conduisit presque de force au-devant de son libérateur. Au haut du perron, les forces lui manquèrent, et le prince fut forcé de s’arrêter : en ce moment, les trois chevaliers s’avancèrent dans la cour.

— Soyez les bien reçus, qui que vous soyez, leur cria le prince, et, si l’un de vous est véritablement le brave chevalier qui est venu si courageusement à notre aide, qu’il s’approche et lève la visière de son casque, afin que je puisse l’embrasser à visage découvert.

Alors celui qui portait l’écu armorié s’arrêta un instant lui-même, s’appuyant sur l’épaule des deux chevaliers qui l’accompagnaient, car il paraissait aussi tremblant que la jeune fille ; mais bientôt il sembla se remettre, et, montant une à une les marches du perron, toujours escorté de ses deux compagnons, il s’arrêta sur l’avant-dernière, fléchit le genou devant Héléna, et après un dernier moment d’hésitation, leva la visière de son casque.

— Othon l’archer ! s’écria le prince stupéfait.

— J’en étais sûre, murmura la jeune fille en cachant son visage dans la poitrine de son père.