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LES FRÈRES CORSES

bavarder comme une corneille, et, à l’heure du souper, je ne serai pas prêt.

— Mais nous pouvons continuer la conversation, repris-je ; votre chambre n’est-elle pas en face de celle-ci ? Laissez la porte ouverte et nous causerons.

— Faites mieux, venez chez moi ; je m’habillerai dans mon cabinet de toilette pendant ce temps… Vous êtes amateur d’armes, ce me semble ; eh bien, vous regarderez les miennes ; il y en a quelques-unes qui ont une certaine valeur, historique s’entend.


IV


L’offre correspondait trop bien au désir que j’avais de comparer les chambres des deux frères pour que je ne l’acceptasse pas. Je m’empressai donc de suivre mon hôte, qui, ouvrant la porte de son appartement, passa devant moi pour me montrer le chemin.

Cette fois, je crus entrer dans un véritable arsenal.

Tous les meubles étaient du XVe et du XVIe siècle : le lit sculpté à baldaquin, soutenu par de grandes colonnes torses, était drapé en damas vert à fleurs d’or ; les rideaux des fenêtres étaient de la même étoffe ; les murailles étaient couvertes de cuir d’Espagne, et, dans tous les intervalles, des meubles soutenaient des trophées d’armes gothiques et modernes.