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LES FRÈRES CORSES

En ce moment, le même serviteur qui m’avait introduit, et qui était venu m’annoncer l’arrivée de son jeune maître, reparut sur le seuil.

— Excellence, dit-il en s’adressant à Lucien, madame de Franchi vous fait prévenir que le souper est servi.

— C’est bien, Griffo, répondit le jeune homme, dites à ma mère que nous descendons. En ce moment, il sortit du cabinet, habillé, comme il le disait, en montagnard, c’est-à-dire avec une veste ronde de velours, une culotte et des guêtres ; de son autre costume, il n’avait gardé que la cartouchière qui serrait sa taille.

Il me trouva occupé à regarder deux carabines pendues en face l’une de l’autre, et portant toutes deux cette date incrustée sur la crosse :

21 septembre 1819, — onze heures du matin.

— Et ces carabines, demandai-je, sont-ce aussi des armes historiques ?

— Oui, dit-il, pour nous, du moins. L’une est celle de mon père.

Il s’arrêta.

— Et l’autre ? demandai-je.

— Et l’autre, dit-il en riant, l’autre est celle de ma mère. Mais descendons, vous savez qu’on nous attend.

Et, passant le premier pour m’indiquer le chemin, il me fit signe de le suivre.