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LES FRÈRES CORSES

Sur la première marche de l’église se tenait un homme solennellement ceint d’une écharpe tricolore : c’était le maire.

Sous le portique, un autre homme vêtu de noir était assis devant une table, un papier griffonné à portée de sa main. Cet homme, c’était le notaire ; ce papier griffonné, c’était l’acte de réconciliation.

Je pris place à l’un des côtés de la table avec les parrains d’Orlandi. De l’autre côté étaient les parrains de Colona ; derrière le notaire se plaça Lucien, qui était également pour l’un et pour l’autre.

Au fond, dans le chœur de l’église, on voyait les prêtres prêts à dire la messe.

La pendule sonna dix heures.

Au même instant, un frémissement courut par la foule, et les yeux se portèrent aux deux extrémités de la rue, si l’on peut appeler rue l’intervalle inégal laissé par le caprice d’une cinquantaine de maisons bâties à la fantaisie de leurs propriétaires.

Aussitôt on vit apparaître, du côté de la montagne, Orlandi, et, du côté du fleuve, Colona : chacun était suivi de ses partisans ; mais, selon le programme arrêté, pas un seul ne portait ses armes ; on eût dit, moins les figures quelque peu rébarbatives, d’honnêtes marguilliers suivant une procession.

Les deux chefs des deux partis présentaient un contraste physique bien tranché.