Page:Dumas - Les Frères Corses, 1881.djvu/84

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
72
LES FRÈRES CORSES

Orlandi, comme je l’ai dit, était grand, mince, brun, agile.

Colona était court, trapu, vigoureux ; il avait la barbe et les cheveux roux ; barbe et cheveux étaient courts et frisés.

Tous deux portaient à la main une branche d’olivier, symbolique emblème de la paix qu’ils allaient sceller, et qui était une poétique invention du maire.

Colona tenait, de plus, par les pattes une poule blanche, destinée à remplacer, à titre de dommages-intérêts, la poule qui, dix ans auparavant, avait donné naissance à la querelle.

La poule était vivante.

Ce point avait été longtemps discuté et avait failli faire manquer l’affaire, Colona regardant comme une double humiliation de rendre vivante cette poule que sa tante avait jetée morte au visage de la cousine d’Orlandi.

Cependant, à force de logique, Lucien avait déterminé Colona à donner la poule, comme, à force de dialectique, il avait déterminé Orlandi à la recevoir.

Au moment où parurent les deux ennemis, les cloches, qui un instant avaient fait silence, sonnèrent à toute volée.

En s’apercevant, Orlandi et Colona firent un même mouvement, indiquant bien clairement une répulsion réciproque ; cependant ils continuèrent leur chemin.