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LES FRÈRES CORSES

la malheureuse affaire qui a mis la désunion entre leurs familles et leurs amis.

« En foi de quoi, ils ont signé les présentes, sous le portique de l’église du village, avec M. Polo Arbori, maire de la commune, M. Lucien de Franchi, arbitre, les parrains de chacun des deux contractants, et nous notaire.

« Sullacaro, ce 4 mars 1841. »

Je vis avec admiration que, par excès de prudence, le notaire n’avait pas touché le moindre mot de la poule qui mettait Colona en si mauvaise position devant Orlandi,

Aussi la figure de Colona s’éclaircît-elle en raison inverse de ce que la figure d’Orlandi se rembrunissait. Ce dernier regarda la poule qu’il tenait à la main en homme qui éprouvait visiblement une violente tentation de l’envoyer à la figure de Colona. Mais un coup d’œil de Lucien de Franchi arrêta cette mauvaise intention dans son germe.

Le maire vit qu’il n’y avait pas de temps à perdre ; il monta à reculons en tenant toujours les deux mains l’une dans l’autre, et sans perdre un instant de vue les nouveaux réconciliés.

Puis, pour prévenir un nouveau débat qui ne pouvait manquer d’arriver au moment de signer, vu que chacun des deux adversaires regarderait évidemment comme une concession de signer le premier, il prit