pas laissé prendre, ou tout au moins ne l’eût pas laissé amener ainsi de Bruxelles à Paris, pieds et poings liés, sans faire au moins en sa faveur une tentative d’enlèvement.
— Une tentative d’enlèvement, reprit Briquet, c’était bien hasardeux ; car enfin, qu’elle réussît ou qu’elle échouât, du moment où elle venait de la part de M. de Guise, M. de Guise avouait qu’il avait conspiré contre le duc d’Anjou.
— M. de Guise, reprit sèchement le cavalier, n’eût point été retenu par cette considération, j’en suis sûr, et, du moment où il n’a ni réclamé ni défendu Salcède, c’est que Salcède n’est point à lui.
— Cependant, excusez si j’insiste, continua Briquet ; mais ce n’est pas moi qui invente ; il paraît certain que Salcède a parlé.
— Où cela ? devant les juges ?
— Non, pas devant les juges, Monsieur, à la torture.
— N’est-ce donc pas la même chose ? demanda maître Robert Briquet, d’un air qu’il essayait inutilement de rendre naïf.
— Non, certes, ce n’est pas la même chose, il s’en faut : d’ailleurs, on prétend qu’il a parlé, soit ; mais on ne répète point ce qu’il a dit.
— Vous m’excuserez encore, Monsieur, reprit Robert Briquet : on le répète, et très-longuement même.
— Et qu’a-t-il dit ? voyons ! demanda avec impatience le cavalier ; parlez, vous qui êtes si bien instruit.
— Je ne me vante pas d’être bien instruit, Monsieur, puisque je cherche au contraire à m’instruira près de vous, répondit Briquet.
— Voyons ! entendons-nous ! dit le cavalier avec impatience : vous avez prétendu qu’on répétait les paroles de Salcède ; ses paroles, quelles sont-elles ? dites.
— Je ne puis répondre. Monsieur, que ce soient ses propres paroles, dit Robert Briquet qui paraissait prendre plaisir à pousser le cavalier.