Page:Dumas - Les Quarante-Cinq, 1888, tome 1.djvu/247

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— Peste ! je le crois bien, dit Chicot ; on en voit de belles révérend prieur, lorsque l’on vient chez vous.

— En un mois tout cela, en moins d’un mois même.

— Et fait par vous ?

— Fait par moi, par moi seul, comme vous voyez, dit Gorenflot en se redressant.

— C’est plus que je n’attendais, mon ami, et quand je reviendrai de ma mission…

— Ah ! c’est vrai, cher ami ! parlons donc de votre mission.

— D’autant plus volontiers que j’ai un message, ou plutôt un messager, à envoyer au roi avant mon départ.

— Au roi, cher ami, un messager ? vous correspondez donc avec le roi ?

— Directement.

— Et il vous faut un messager, dites-vous ?

— Il me faut un messager.

— Voulez-vous un de nos frères ? Ce serait un honneur pour le couvent si un de nos frères voyait le roi.

— Assurément.

— Je vais mettre deux de nos meilleures jambes à vos ordres. Mais contez-moi, Chicot, comment le roi, qui vous croyait mort…

— Je vous l’ai déjà dit, je n’étais qu’en léthargie… et au moment venu j’ai ressuscité.

— Et pour rentrer en faveur ? demanda Gorenflot.

— Plus que jamais, dit Chicot.

— Alors, fit Gorenflot en s’arrêtant, vous pourrez donc dire au roi tout ce que nous faisons ici dans son intérêt ?

— Je n’y manquerai pas, mon ami, je n’y manquerai pas soyez tranquille.

— Oh ! cher Chicot, s’écria Gorenflot, qui se voyait évêque.

— Mais d’abord, j’ai deux choses à vous demander.

— Lesquelles ?

— La première, de l’argent, que le roi vous rendra.