Page:Dumas - Les Quarante-Cinq, 1888, tome 1.djvu/257

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

d’Anjou. À son retour de Pologne, il s’est souvenu de moi et m’a fait fournisseur de la cour.

— C’est une belle connaissance que vous avez là, monsieur Briquet.

— La connaissance de Sa Majesté ?

— Oui.

— Tout le monde ne dit point cela, frère Borromée.

— Oh ! les ligueurs.

— Tout le monde l’est peu ou prou aujourd’hui.

— Vous l’êtes peu, vous, à coup sûr.

— Moi, pourquoi cela ?

— Quand on connaît personnellement le roi.

— Eh ! eh ! j’ai ma politique comme les autres, fit Chicot.

— Oui, mais votre politique est en harmonie avec celle du roi.

— Ne vous y fiez pas ; nous disputons souvent.

— Si vous disputez, comment vous confie-t-il une mission ?

— Une commission, vous voulez dire ?

— Mission ou commission, peu importe ; l’une ou l’autre implique confiance.

— Penh ! pourvu que je sache bien prendre mes mesures, voilà tout ce qu’il faut au roi.

— Vos mesures !

— Oui.

— Mesures politiques, mesures de finances ?

— Non, mesures d’étoffes.

— Comment ? fit Borromée stupéfait.

— Sans doute ; vous allez comprendre.

— J’écoute.

— Vous savez que le roi a fait un pèlerinage à Notre-Dame de Chartres.

— Oui, pour obtenir un héritier.

— Justement. Vous savez qu’il y a un moyen sûr d’arriver au résultat que poursuit le roi ?