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— Tous ces gens-là voulaient voir quelque chose, et ils n’ont rien vu, même dans leurs affaires ; moi, je ne voulais rien voir, et je suis le seul qui aie vu quelque chose. C’est engageant, continuons ; mais à quoi bon continuer ? j’en sais, pardieu ! bien assez. Cela me sera-t-il bien avantageux de voir déchirer M. de Salcède en quatre morceaux ? Non, pardieu ! D’ailleurs, j’ai renoncé à la politique. Allons dîner ; le soleil marquerait midi s’il y avait du soleil ; il est temps.

Il dit, et rentra dans Paris avec son tranquille et malicieux sourire.


IV

LA LOGE EN GRÈVE DE S. M. LE ROI HENRI III.


Si nous suivions maintenant jusqu’à la place de Grève, où elle aboutit, cette voie populeuse du quartier Saint-Antoine, nous retrouverions dans la foule beaucoup de nos connaissances ; mais tandis, que tous ces pauvres citadins, moins sages que Robert Briquet, s’en vont, heurtés, coudoyés, meurtris, les uns derrière les autres, nous préférons, grâce au privilège que nous donnent nos ailes d’historien, nous transporter sur la place elle-même, et, quand nous aurons embrassé tout le spectacle d’un coup d’œil, nous retourner un instant vers le passé, afin d’approfondir la cause après avoir contemplé l’effet.

On peut dire que maître Friard avait raison en portant à cent mille hommes au moins le chiffre des spectateurs qui devaient s’entasser sur la place de Grève et aux environs pour jouir du spectacle qui s’y préparait. Paris tout entier s’était donné rendez-vous à l’hôtel de ville, et Paris est fort exact ; Paris ne manque pas une fête, et c’est une fête, et