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— Plaît-il, Monsieur ?

— Je vous demande d’où vient le vent ?

— Du nord, Monsieur, du nord.

— Eh bien ! il a marché dans la boue, car voici ses souliers imprimés sur le carreau.

Et Chicot montrait, en effet, sur la dalle les traces toutes récentes d’une chaussure boueuse.

L’hôte pâlit.

— Maintenant, mon cher, dit Chicot, si j’ai un conseil à vous donner, c’est de surveiller ces sortes de vents qui entrent dans les auberges, pénètrent dans les chambres en enfonçant les portes, et se retirent en volant les habits des voyageurs.

L’hôte recula de deux pas, afin de se dégager de tous ces meubles renversés, et de se trouver à l’entrée du corridor.

Puis, lorsqu’il sentit sa retraite assurée :

— Pourquoi m’appeler voleur ? dit-il.

— Tiens ! qu’avez-vous donc fait de votre figure de bonhomme ? demanda Chicot : je vous trouve tout changé.

— Je change, parce que vous m’insultez.

— Moi !

— Sans doute, vous m’appelez voleur, répliqua l’hôte sur un ton encore plus élevé, et ressemblant fort à de la menace.

— Mais je vous appelle voleur parce que vous êtes responsable de mes effets, il me semble, et que mes effets ont été volés ; vous ne le nierez pas ?

Et ce fut Chicot qui, à son tour, comme un maître d’armes qui tâte son adversaire, fit un geste de menace.

— Holà ! cria l’hôte, holà ! venez à moi, vous autres !

À cet appel, quatre hommes armés de bâtons parurent dans l’escalier.

— Ah ! voici Eurus, Notus, Aquilo et Boréas, dit Chicot ; ventre de biche ! puisque l’occasion s’en présente, je veux