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priver la terre du vent du nord : c’est un service à rendre à l’humanité ; il y aura printemps éternel.

Et il détacha un si rude coup de sa longue épée dans la direction de l’assaillant le plus proche, que si celui-ci, avec la légèreté d’un véritable fils d’Éole, n’eût point fait un bond en arrière, il était percé d’outre en outre.

Malheureusement comme, tout en faisant ce bond, il regardait Chicot, et par conséquent ne pouvait voir derrière lui, il tomba sur le rebord de la dernière marche de l’escalier, le long duquel, ne pouvant garder son centre de gravité, il dégringola à grand bruit.

Cette retraite fut un signal pour les trois autres, qui disparurent par l’orifice ouvert devant eux ou plutôt derrière eux avec la rapidité de fantômes qui s’abîment dans une trappe.

Cependant, le dernier qui disparut avait eu le temps, tandis que ses compagnons opéraient leur descente, de dire quelques mots à l’oreille de l’hôte.

— C’est bien, c’est bien ! grommela celui-ci, on les retrouvera, vos habits.

— Eh bien ! voilà tout ce que je demande.

— Et l’on va vous les apporter.

— À la bonne heure : ne pas aller nu, c’est un souhait raisonnable, ce me semble.

On apporta en effet les habits, mais visiblement détériorés.

— Oh ! oh ! fit Chicot, il y a bien des clous dans votre escalier. Diables de vents, va ! mais enfin, réparation d’honneur. Comment pouvais-je vous soupçonner ? vous avez une si honnête figure.

L’hôte sourit avec aménité.

— Et maintenant, dit-il, vous allez vous rendormir, je présume ?

— Non, merci, non, j’ai dormi assez.

— Qu’allez-vous donc faire ?