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V

TROISIÈME JOURNÉE DE VOYAGE.


Chicot ne s’enfuyait avec cette mollesse que parce qu’il était à Étampes, c’est-à-dire dans une ville, au milieu d’une population, sous la sauvegarde d’une certaine quantité de magistrats qui, à sa première réquisition, eussent donné cours à la justice, et eussent arrêté M. de Guise lui-même.

Ses assaillants comprirent admirablement leur fausse position.

Aussi l’officier, on l’a vu, au risque de laisser fuir Chicot, défendit à ses soldats l’usage des armes bruyantes.

Ce fut pour la même raison qu’il s’abstint de poursuivre Chicot, qui eût, au premier pas qu’on eût fait sur ses traces, poussé des cris à réveiller toute la ville.

La petite troupe, réduite d’un tiers, s’enveloppa dans l’ombre, abandonnant, pour se moins compromettre, les deux morts, et en laissant leurs épées auprès d’eux, pour qu’on supposât qu’ils s’étaient entre-tués.

Chicot chercha, mais en vain, dans le quartier, ses marchands et leurs commis.

Puis, comme il supposait bien que ceux à qui il avait eu affaire, voyant leur coup manqué, n’avaient garde de rester dans la ville, il pensa qu’il était de bonne guerre à lui d’y rester.

Il y eut plus : après avoir fait un détour, et, de l’angle d’une rue voisine, avoir entendu s’éloigner le pas des chevaux, il eut l’audace de revenir à l’hôtellerie.