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Page:Dumas - Les Quarante-Cinq, 1888, tome 2.djvu/48

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Mais déjà deux soldats le tenaient enveloppé : il se retourna, ouvrit une cuisse d’un large coup d’épée et fut dégagé.

— Enfants ! enfants ! cria le chef, les arquebuses, mordieu !

— Avant que les arquebuses soient prêtes, dit Chicot, je t’aurai ouvert les entrailles, brigand, et j’aurai coupé les cordons de ton masque, afin que je sache qui tu es.

— Tenez ferme, Monsieur, tenez ferme, et je vous garderai ; dit une voix qui fit à Chicot l’effet de descendre du ciel.

C’était la voix d’un beau jeune homme, monté sur un bon cheval noir. Il avait deux pistolets à la main, et criait à Chicot :

— Baissez-vous, baissez-vous, morbleu ! mais baissez-vous donc !

Chicot obéit.

Un coup de pistolet partit, et un homme roula aux pieds de Chicot, en laissant échapper son épée.

Cependant les chevaux se battaient ; les trois cavaliers survivants voulaient reprendre les étriers, et n’y parvenaient pas ; le jeune homme tira, au milieu de cette mêlée, un second coup de pistolet qui abattit encore un homme.

— Deux à deux ; dit Chicot ; généreux sauveur, prenez le vôtre, voici le mien.

Et il fondit sur le cavalier masqué, qui, frémissant de rage ou de peur, lui tint tête cependant comme un homme exercé au maniement des armes.

De son côté le jeune homme avait saisi à bras-le-corps son ennemi, l’avait terrassé sans même mettre l’épée à la main, et le garrottait avec son ceinturon, comme une brebis à l’abattoir.

Chicot, en se voyant en face d’un seul adversaire, reprenait son sang-froid et par conséquent sa supériorité.

Il poussa rudement son ennemi, qui était doué d’une cor-