rons en circonstances meilleures : puis-je vous demander à qui j’ai l’honneur de parler ?
— Je suis le vicomte Ernauton de Carmainges, Monsieur.
Mayenne attendait un plus long détail, mais ce fut au tour du jeune homme d’être réservé.
— Vous suiviez le chemin de Beaugency, Monsieur ? continua Mayenne.
— Oui, Monsieur.
— Alors, Je vous ai dérangé, et vous ne pouvez plus marcher cette nuit, peut-être ?
— Au contraire, Monsieur, et je compte me remettre en route tout à l’heure.
— Pour Beaugency ?
Ernauton regarda Mayenne en homme que cette insistance désoblige fort.
— Pour Paris, dit-il.
Le duc parut étonné.
— Pardon, continua Mayenne, mais il est étrange qu’allant à Beaugency, et arrêté par une circonstance aussi imprévue, vous manquiez le but de votre voyage sans une cause bien sérieuse.
— Rien de plus simple, Monsieur, répondit Ernauton, j’allais à un rendez-vous. Notre événement, en me forçant de m’arrêter ici, m’a fait manquer ce rendez-vous ; je m’en retourne.
Mayenne essaya en vain de lire sur le visage impassible d’Ernauton une autre pensée que celle qu’exprimaient ses paroles.
— Oh ! Monsieur, dit-il enfin, que ne demeurez-vous avec moi quelques jours ! j’enverrais à Paris mon soldat que voici pour me chercher un chirurgien, car vous comprenez, n’est-ce pas, que je ne puis rester seul ici avec ces paysans qui me sont inconnus ?
— Et pourquoi, Monsieur, répliqua Ernauton, ne serait-ce