Page:Dumas - Les Quarante-Cinq, 1888, tome 2.djvu/77

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— Le surplus des instructions est dans ces trois lettres. Allez donc.

Sainte-Maline salua et fit un mouvement pour sortir.

— À propos, reprit Loignac, d’ici à la Croix-Faubin, allez aussi vite que vous voudrez ; mais de la Croix-Faubin à la barrière, allez au pas. Vous avez encore deux heures avant qu’il fasse nuit ; c’est plus de temps qu’il ne vous en faut.

— À merveille, Monsieur.

— Avez-vous bien compris, et voulez-vous que je vous répète l’ordre ?

— C’est inutile, Monsieur.

— Bon voyage, monsieur de Sainte-Maline.

Et Loignac, traînant ses éperons, rentra dans les appartements.

— Quatorze dans la première troupe, quinze dans la seconde et quinze dans la troisième, il est évident qu’on ne compte pas sur Ernauton, et qu’il ne fait plus partie des quarante-cinq.

Sainte-Maline, tout gonflé d’orgueil, fit sa commission en homme important, mais exact.

Une demi-heure après son départ de Vincennes, et toutes les instructions de Loignac suivies à la lettre, il franchissait la barrière.

Un quart d’heure après, il était au logis des quarante-cinq.

La plupart de ces messieurs savouraient déjà dans leurs chambres la vapeur du souper, qui fumait aux cuisines respectives de leurs ménagères.

Ainsi, la noble Lardille de Chavantrade avait préparé un plat de mouton aux carottes, avec force épices, c’est-à-dire à la mode de Gascogne, plat succulent auquel, de son côté, Militor donnait quelques soins, c’est-à-dire quelques coups d’une fourchette de fer à l’aide de laquelle il expérimentait le degré de cuisson des viandes et des légumes.