— Parce que vous n’êtes pas latiniste, dit Chicot, parce que vous n’avez pas lu le traité De Naturâ rerum ; si vous l’eussiez lu, vous sauriez qu’il n’y a pas d’effet sans cause.
— Eh bien, mon cher confrère, dit Borromée, car enfin vous êtes capitaine comme moi, n’est-ce pas ?
— Capitaine depuis la pointe des pieds jusqu’à la pointe des cheveux, répondit Chicot.
— Eh bien, mon cher capitaine, reprit Borromée, dites-moi, puisqu’il n’y a pas d’effet sans cause, à ce que vous prétendez, dites-moi quelle était la cause de votre déguisement ?
— De quel déguisement ?
— De celui que vous portiez lorsque vous êtes venu chez dom Modeste.
— Comment donc étais-je déguisé ?
— En bourgeois.
— Ah ! c’est vrai.
— Dites-moi cela, et vous commencerez mon éducation de philosophie.
— Volontiers ; mais, à votre tour, vous me direz, n’est-ce pas, pourquoi vous étiez déguisé en moine ? Confidence pour confidence.
— Tope ! dit Borromée.
— Touchez là, dit Chicot, et il tendit sa main au capitaine.
Celui-ci frappa d’aplomb dans la main de Chicot.
— À mon tour, dit Chicot.
Et il frappa à côté de la main de Borromée.
— Bien ! dit Borromée.
— Vous voulez donc savoir pourquoi j’étais déguisé en bourgeois ? demanda Chicot, d’une langue qui allait s’épaississant de plus en plus.
— Oui, cela m’intrigue.
— Et vous me direz tout à votre tour ?
— Foi de capitaine ; d’ailleurs, n’est-ce pas chose convenue ?