Page:Dumas - Les Quarante-Cinq, 1888, tome 3.djvu/254

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Elle était d’une pâleur livide ; ses beaux cheveux, roidis, flottaient sur ses épaules ; le contact de sa main sur le poignet de Henri faisait à ce dernier un froid pareil à celui d’un cadavre.

— Monsieur, dit-elle, ne jugez pas témérairement des choses de Dieu !.. Je suis Diane de Méridor, la maîtresse de M. de Bussy, que le duc d’Anjou laissa tuer misérablement quand il pouvait le sauver. Il y a huit jours que Remy a poignardé Aurilly, le complice du prince, et, quant au prince, je viens de l’empoisonner avec un fruit, un bouquet, un flambeau. Place ! Monsieur, place à Diane de Méridor, qui, de ce pas, s’en va au couvent des hospitalières.

Elle dit, et, quittant le bras de Henri, elle reprit celui de Remy, qui l’attendait.

Henri tomba agenouillé, puis, renversé en arrière, suivit des yeux le groupe effrayant des assassins, qui disparurent dans la profondeur des taillis comme eût fait une infernale vision.

Ce n’est qu’une heure après que le jeune homme, brisé de fatigue, écrasé de terreur et la tête en feu, réussit à trouver assez de force pour se traîner jusqu’à son appartement ; encore fallut-il qu’il se reprît à dix fois pour escalader la fenêtre. Il fit quelques pas dans la chambre et s’en alla, tout trébuchant, tomber sur son lit.

Tout dormait dans le château.