aux chefs du gouvernement le drapeau de l’armée d’Italie. Ce drapeau de l’armée d’Italie était plus qu’un drapeau ; c’était un monument, monument fabuleux de cette fabuleuse campagne.
Sur une de ses faces étaient inscrits ces mots :
L’autre face portait l’énumération des combats livrés et des places prises ; puis des inscriptions abrégées, simples et magnifiques, de la campagne qui venait de s’accomplir.
En passant à Mantoue, Bonaparte s’y était arrêté. Il avait visité le monument que le général Miollis élevait à Virgile, et avait fait célébrer une fête militaire en l’honneur de Hoche, qui venait de mourir, selon toute probabilité, empoisonné.
Bonaparte traversa la Suisse ; en sortant de Moudon, où on lui avait fait une réception brillante, sa voiture s’était brisée.
Il continua sa route à pied ; et, près de l’ossuaire de Morat, qui n’était pas encore détruit par Brune :
— Où était le champ de bataille du duc de Bourgogne ? demanda cet autre Téméraire, qui, lui aussi, devait avoir son ossuaire.
— Là, général, lui dit un officier suisse en lui montrant ce qu’il désirait voir.
— Combien avait-il d’hommes ?
— Soixante mille, sire.
— Comment a-t-il été attaqué ?
— Par les Suisses descendus des montagnes voisines, et qui, à la faveur d’un bois qui existait alors, ont tourné les Bourguignons.
— Comment ! s’écria-t-il, Charles le Téméraire avait soixante mille hommes, et il n’a pas occupé ces montagnes ?
Et le vainqueur de l’Italie haussa les épaules.
— Les Français d’aujourd’hui combattent mieux que cela, dit Lannes.