» Les troupes ne nous manquent point à présent, ainsi soyez tranquille.
» Serrurier. »
Pour porter quinze cents hommes sur le point indiqué par le général Serrurier, il eût fallu les avoir. Mon père écrivit donc à son ami Dallemagne, à Montanara, de détacher ce qu’il pourrait d’hommes de sa division et de les lui envoyer.
Dallemagne répondit aussitôt :
» Quoique je ne doive pas être attaqué, mon bon ami, les moyens que j’ai sont trop faibles pour porter une grande force du côté de Formigosa ; j’ai un tiers de ma division qui ne peut se relever, et sa force n’est que de deux mille hommes. Juge, mon cher, si je puis avoir du disponible. Aussitôt ta lettre reçue, j’ai cependant donné ordre au général Montaut de tenir quelque peu de troupe prêt à marcher. D’ailleurs, je t’observe que le général Serrurier me prévient, par sa lettre d’hier soir, qu’il va donner des ordres pour que le pont de Formigosa soit coupé. En conséquence, s’il a mis son ordre à exécution, il m’est impossible de te donner du secours ; je te dirai mieux, si l’ennemi qui a passé l’Adige parvient à attaquer par Saint-Georges, la sortie de Mantoue est assurée, et, malgré la meilleure volonté à soutenir le choc, nous serons obligés de succomber, parce que l’ennemi ne peut s’enfourné sans courir de grands risques où il a des forces majeures. Adieu, mon cher ami, conte que je saisirai toujours avec empressement toutes les occasions de t’être utile ainsi qu’à mon pays.
» Dallemagne. »