Cependant, il en coûtait au brave Dallemagne de refuser à mon père les hommes qu’il demandait, car il savait une chose : s’il les demandait, c’est qu’il croyait en avoir grand besoin.
Aussi, vers midi, lui écrivait-il de Casanova :
» Je viens d’apprendre, général, que le pont de Formigosa existait encore ; j’ai de suite donné ordre au général Montaut de partir avec cinq cents hommes et deux pièces d’artillerie pour se rendre à Formigosa, et lui ai donné les instructions nécessaires pour prendre l’ennemi par derrière, si toutefois tu es attaqué.
» Dallemagne. »
À cette lettre était jointe la copie suivante, qui expliquait comment le pont de Formigosa n’était point détruit :
Copie de la lettre écrite par le citoyen Doré, chef du 1er bataillon de la 64e demi-brigade, au général Dallemagne.
« Je vous préviens, général, que, conformément aux ordres que j’ai reçus cette nuit du général Serrurier, je me suis rendu ce matin à Governolo, avec mon bataillon ; le général m’avait donné l’ordre de rompre le pont de Formigosa avant de me porter à Governolo, Lorsque je me suis présenté pour mettre son ordre à exécution, le commandant d’un détachement de la 45e demi-brigade, qui occupe ce poste, s’est opposé à l’exécution de cet ordre, comme étant contraire aux instructions que vous lui aviez données, disant qu’il fallait au moins voir l’ennemi auparavant : je me suis rendu à son raisonnement, que j’ai trouvé fort juste.
» Pour copie conforme,
» Dallemagne. »