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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 10.djvu/100

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

enrouement. Le prince était malade de la maladie dont il devait mourir.

Écoutons ce qu’en dit le médecin lui-même, le docteur Manatti :

« Je fus appelé par le duc de Reichstadt, avec le titre de son médecin ordinaire, dans le mois de mai 1830. Je succédais à trois hommes d’une haute réputation : le célèbre Franck, les docteurs Goëlis et Standenheimer. M. de Herbeck avait rempli près du prince les fonctions de chirurgien ordinaire. Ces médecins n’avaient pas laissé de journal de la santé du jeune duc. M. le comte de Dietrichstein eut la bonté d’y suppléer en m’instruisant de beaucoup de détails qu’il était indispensable de connaître.

» Le prince mangeait très-peu et sans appétit ; son estomac semblait trop faible pour supporter la nourriture qu’aurait exigée sa croissance, singulièrement rapide et même effrayante : à l’âge de dix-sept ans, il avait atteint la taille de cinq pieds trois pouces ! De légers maux de gorge le faisaient souffrir de temps en temps ; il était sujet à une sorte de toux habituelle et à une journalière excrétion de mucosités. Le docteur Standenheimer avait déjà manifesté de vives-inquiétudes sur la prédisposition du prince à la phthisie de la trachée-artère. Je pris connaissance des prescriptions qui avaient été décidées contre ces symptômes inquiétants.

» La connaissance personnelle que j’avais d’une disposition morbifique héréditaire dans la famille de Napoléon dirigea mes premières recherches, et je m’assurai de l’existence d’une affection cutanée (herpes farinaceum). Je ne pus approuver l’usage des bains froids et de la natation, que le chirurgien, M. de Herbeck, avait aussi combattus, peut-être par suite seulement de la connaissance qu’il avait acquise de la faible organisation de la poitrine du prince. Dans le but de réagir sur le système cutané, j’employai avec succès les bains muriatiques et les eaux de Seltz coupées avec du lait. Le prince devait passer à l’état militaire dans l’automne suivant ; c’est là que tendaient ses vœux, que se concentraient tous ses désirs ; il avait déjà obtenu l’autorisation tant sollicitée. Je ne me