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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 10.djvu/180

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

— Pourquoi, madame ? Pardonnez, je vous prie, à ma franchise, elle est un peu crue, je l’avoue ; mais c’est que je n’aimais pas la Restauration. On pourra bien supposer, d’après cela, Madame, que, si j’ai pu être assez heureux pour faire quelque chose qui vous fût agréable, du moins je l’ai fait sans aucune espèce de spéculation, d’autant plus que Votre Altesse se trouve dans une position à ne m’offrir aucune garantie.

La duchesse sourit ; puis, se retournant vers mademoiselle de Kersabiec :

— N’est-ce pas, Stylite, dit-elle, qu’il est bon enfant ?

— Oui, madame ; c’est malheureux qu’il ne veuille pas être des nôtres.

À cela, Dermoncourt s’empressa de répondre :

— Tout ce que Madame aura droit d’exiger de respect, de prévenances, d’égards et d’intérêt, dans la position accablante où elle se trouve, elle l’obtiendra de moi ; tous les services qu’elle me demandera, et que je pourrai lui rendre, je les lui rendrai ; mais, quant à mes devoirs, rien au monde n’est capable de me les faire oublier.

Puis, se retournant vers mademoiselle de Kersabiec :

— Vous m’avez entendu, mademoiselle Stylite ; j’espère que, pendant tout le temps que j’aurai l’honneur d’être près de Madame, vous me ferez le plaisir de ne jamais revenir sur le même sujet.

— Vous l’avez entendu Stylite, dit Madame ; parlons d’autre chose.

Puis, avec une intonation toute différente :

— Avez-vous vu mon fils, général ?

— Je n’ai jamais eu cet honneur.

— Eh bien, c’est un bon enfant, bien vif, bien étourdi, mais bien Français, comme moi.

— Vous l’aimez beaucoup ?

— Autant qu’une mère peut aimer son fils.

— Eh bien, que Madame me permette de lui dire que je ne comprends pas comment, lorsque tout a été fini dans la Vendée ; lorsque, après les combats du Chêne et de la Pénissière, tout espoir a été perdu, elle n’a pas eu l’idée de retourner