pas, elle demanda où il était. On lui répondit qu’il était en expédition.
— Allons, dit-elle, encore une gentillesse de plus !
Le général commandant la division, le préfet et le maire de Nantes devaient accompagner la duchesse jusqu’à Saint-Nazaire, et ne la quitter qu’après son embarquement sur le brick la Capricieuse.
En mettant le pied sur le bâtiment, Madame s’informa si M. Guibourg la suivait ; le préfet lui répondit que la chose était impossible. Alors, elle lui demanda une plume et de l’encre, et écrivit le billet suivant :
« J’ai réclamé mon ancien prisonnier, et l’on va écrire pour cela. Dieu nous aidera, et nous nous reverrons. Amitié à tous nos amis. Dieu les garde ! courage, confiance en lui. Sainte Anne est notre patronne, à nous autres Bretons. »
Ce billet fut confié à M. Ferdinand Favre, qui le remit religieusement à son adresse.
À quatre heures, le bateau partit, glissant en silence au milieu de la ville endormie ; à huit heures, on était à bord de la Capricieuse.
Madame resta deux jours en rade ; les vents étaient contraires. Enfin, le 11, à sept heures du matin, la Capricieuse déploya ses voiles, et, remorquée par le bateau à vapeur qui ne la quitta qu’à trois lieues en mer, elle s’éloigna majestueusement : quatre heures après, elle avait disparu derrière la pointe de Pornic.
Quant à Dermoncourt, il revint le 9, à huit heures du matin à Nantes, n’ayant, comme on le pense bien, trouvé personne au château de la Chaslière.
Pendant ce temps, M. de Bourmont était tranquillement à sa campagne, dans les environs de Coudé (Maine-et-Loire), où il s’était rendu le jour même du départ de la duchesse pour Blaye. Il avait quitté Nantes à six heures du soir, ne paraissant pas beaucoup redouter que la haute police eût l’incivilité de l’empêcher de visiter ses propriétés et de mettre ordre à ses affaires.
De là, il se dirigea, par Angers, sur Lyon, où il fut très-bien