» — M. Dumas ?
» — Oui, M. Alexandre Dumas… Vous ne connaissez pas M. Alexandre Dumas ?
» — Non.
» — L’auteur d’Henri III, d’Antony, de la Tour de Nesle ?
» — Je ne connais pas.
» — Ah ! c’est que, comme il dit, dans ses Impressions de Voyage, qu’il a mangé de l’ours chez vous… Mais, du moment que vous n’en avez pas dans ce moment-ci, n’en parlons plus ; ce sera pour une autre fois. Voyons, qu’avez-vous ?
» — Monsieur, choisissez, voici la carte ?
» — Oh ! je n’y tiens pas ! donnez-moi tout ce que vous voudrez : du moment que vous n’avez pas d’ours, tout m’est égal.
» Et, d’un air dégoûté, en trouvant tout mauvais, le second voyageur a mangé le dîner qu’on lui a servi. — Le lendemain, le surlendemain, la semaine suivante est entré un voyageur qui, sans rien dire, a posé son sac de voyage à terre, s’est assis devant la première table venue, et a frappé de son couteau contre un verre, en criant :
» — Garçon !
» Le garçon est arrivé.
» — Qu’y a-t-il pour votre service, monsieur ?
» — Un bifteck d’ours.
» — Ah ! ah !
» — Allons, vite, et saignant !
» Le garçon n’a pas bougé.
» — Eh bien, tu n’entends pas, farceur ?
» — Si fait, j’entends.
» — Eh bien, commande mon bifteck, alors.
» — C’est que monsieur paraît désirer un bifteck particulier…
» — Un bifteck d’ours.
» — Oui… Nous n’en avons pas.
» — Comment, vous n’en avez pas ?
» — Non.
» — Va me chercher ton maître.
» — Mais, monsieur, mon maître…